Mais pour la logique de l’argumentation, il nous faut revenir sur les prérequis qui relèvent maintenant de l’évidence. Ce qui pourrait être d’une quelconque utilité pour des études plus contemporaines en vue d’expliquer tel ou tel aspect de la littérature ivoirienne, dans son ensemble et de façon spécifique au théâtre. Ce qui est sûr, c’est qu’il ressemblait parfaitement à un garde cercle. Le théâtre francophone moderne renferme plusieurs formes, chacune manifestant des caractéristiques distinctes tout en cherchant le meilleur moyen d’accéder au public. Mentions légales et conditions d'utilisation, Études africaines : nouvelles approches, nouveaux enjeux, Plaidoyer pour un théâtre culturellement enraciné. Dans le théâtre contemporain, nous avons le théâtre moderne, qui est un théâtre urbain et le théâtre importé, qui est le théâtre occidental joué en Afrique. It seems convenient to proceed to a retroactive dumping, that is to call back the part which the literary history can take in its advance. 25Dans ce registre, Bernard Dadié produit cinq pièces : Min Adjao en 1955, Serment d’amour en 1955, Situation difficile en 1955, Les enfants en 1956 et Siddi maître escroc en 1957. Deux œuvres ivoiriennes marquent ce passage : Assemien Dehylé, roi du Sanwi de Bernard Dadié inspiré de la légende et joué à la fête d’art scolaire et Les prétendants rivaux d’un collectif d’auteurs dont Amon d’Aby en est un co-auteur. 13Par ailleurs, cette œuvre bénéficie d’un ancrage réaliste, Grand-Bassam étant la première capitale de la Côte d’Ivoire. Il en a dégagé les traits caractéristiques qui se résument, selon lui, à la parole (« parole nue » ou prose, « parole parée » ou poésie, « parole sucrée » ou chant), à la musique, à la danse, etc. Après l’EPS, c’est William-Ponty qui les accueille. Quelles étaient les premières pièces ? Les cinq chapitres de la troisième partie du livre, heureusement la plus longue, sont de loin les plus intéressants. Il constate l’enflure du passé dans les fables dramatiques, lesquelles s’étendent sur deux ou plusieurs jours, comme dans Sikasso ou la dernière citadelle de Djibril Tamsir Niane, voire sur plusieurs années. LES ORIGINES DU THEATRE NEGRO-AFRICAIN Si l'on considère le théâtre comme trouvant principalement ma What were the first developments in Ivorian theater? Cette contribution ambitionne de revenir aux sources de la naissance de ce genre dans ce contexte qui fut le sien en tentant de répondre aux questions suivantes : Comment est-il né ? 6Il n’empêche que cet essai présente quelques insuffisances. Comment est-il né ? D'abord, parce que l'Afrique se définit souvent comme un continent d'oralité (Amadou Hampâté Bâ).En effet, bien qu'il existe d'innombrables traces d'écritures africaines au cours des siècles qui précédèrent la colonisation, la transmission des savoirs y est dans bien des pays rituellement basée sur des contes. Celles‑ci sont liées en partie à la longueur des introductions partielles (voir par exemple les pages 27‑34 ; 95‑100 ; 101‑106), souvent redondantes par rapport au développement, et à la valorisation excessive de la fonction éducative du théâtre, au détriment de sa dimension ludique et surtout politique en tant qu’art de contestation. À défaut de répondre à ces questions, l’essai de Marouba Fall a le mérite de les susciter, indirectement, et de nourrir le débat, toujours actuel et plus large, sur les rapports entre théâtre et développement en Afrique. «Le théâtre africain charge, alors que le théâtre européen lave, évacue, épure» (p. 17), conclut-elle, en suggérant par ailleurs que le singulier est sans doute trop réducteur pour parler des «théâtres africains» qui, «comme la vie africaine, possèdent l'usage de la 24Mais c’est le Centre Culturel Folklorique de Côte d’Ivoire (CCFCI), créé en Côte d’Ivoire avant le boom des centres culturels, qui animera cette période avec sa section consacrée au théâtre. 7Gnaoulé Oupoh, dans l’ouvrage consacré à l’ensemble de la littérature ivoirienne7, rappelle que deux saynètes étaient prisées par les populations, Kodjo, le secrétaire et La tentation. 4 Bakary Traoré, Le théâtre négro-africain et ses fonctions sociales, Paris, Présence Africaine, 1958, p. 11. Au théâtre, il y a un intermédiaire entre le texte écrit par l’auteur et le spectateur : le comédien dit et joue le texte, il l’interprète au sens fort, guidé souvent par un metteur en scène, c’est-à-dire qu’il permet et oriente la compréhension du spectateur [2].. Mais l’histoire spécifique de ce genre est demeurée dans l’ombre des autres. Après ce drame en 1900, la capitale devint Bingerville. Nous passerons ces deux moments en revue avant d’en arriver à la première pièce théâtrale. Mais la naissance de la première pièce ivoirienne demeure liée à deux éléments, à savoir l’influence du théâtre scolaire de la Gold Coast5 et les balbutiements du théâtre à l’EPS de Bingerville. Fêtes La fête a, dans les sociétés africaines, un aspect communicatif non négligeable. Mail : kouassiabflore@gmail.com. Puis c’est le retour au pays qui peut être différé par un détour de formation additionnel en France. Quelles furent les premières évolutions du théâtre ivoirien jusqu’aux indépendances ? L’ancienne capitale est délaissée parce qu’elle se vide de ses fonctionnaires européens et noirs au profit de la nouvelle élue. Il me semble que c’est ce que le théâtre contemporain essaie de retrouver. Le théâtre est une forme littéraire bien précise : il est ce que l'on appelle un genre et se distingue des deux autres grands genres, le roman et la poésie. Le mérite du TICI est donc d’avoir élargi le public du théâtre ivoirien. Alerté pas ce remue-ménage sans précédent. 16 Richard Bonneau, « Dadié écrivain ivoirien » in Entente africaine, no 10, Abidjan, juillet 1972, p. 52. « Il y a là une mise en abîme du travail même de l’écriture, qui montre En ce qui concerne le pôle thématique, il relève, dans nombre de pièces théâtrales, le traitement élogieux ou satirique de motifs comme la circoncision et l’initiation (Cheik Aliou Ndao, La case de l’homme), la dot (Guillaume Oyono Mbia, Trois prétendants, un mari), l’animisme (Alioune Badara Bèye, Le sacre du Ceddo), les sacrifices humains (Ibrahima Sall, Le Choix du Madior), le conflit de générations ou le conflit entre tradition et modernité (Ahmadou Koné, Le respect des morts). Au moment du passage du régime colonial à l'indépendance, on abandonna temporairement les compétitions inter-territoriales. Armé d’une chicote, il poussait devant lui Robert Animan Amolin qui était vêtu d’une grande couverture pagne, comme un paysan. But the specific history of this kind lived in the shade of others. Cette communion entre les acteurs et le public se justifiait par le fait que les représentations se faisaient en langue locale, « l’apollonien », langue parlée par les habitants. Elle a soutenu une thèse de doctorat en histoire littéraire ivoirienne à l’université de Cocody-Abidjan intitulée « La question du pouvoir politique dans la prose romanesque ivoirienne post-multipartisme 1990-2005 ». 8 Oupoh Gnaoulé, « Entretien avec F.-J. 6 François Amon d’Aby, Le théâtre en Côte d’Ivoire, des origines à nos jours, Abidjan, CEDA, 1988, p. 16. Les battements de mains, les chants, les sons des tam-tams et les pas de danse rythmés sont entre autres des éléments plus ou moins théâtralisés. 8Cependant, le cadre géographique de la naissance de la littérature ivoirienne demeure incontestablement l’EPS de Bingerville. La spécificité du théâtre. L’exemple de la Côte d’Ivoire, thèse d’État ès lettres, Université de Paris VII-Vincennes, 1983, vol. Le pauvre catéchiste, tout seul, finit par rejoindre à son tour la bande joyeuse. Les premiers romans des femmes africaines se sont appliqués à infuser leur témoignage car le jeu de voix narratives polyphoniques s’est limité à un « je » qui se définit par rapport à l’homme dans la sphère publique et privée. Posant le postulat qu’un « théâtre moderne négro‑africain, soucieux de garder son authenticité, doit nécessairement s’inspirer de la tradition qui permet aux individus de conserver leur identité et à la communauté de préserver l’originalité de sa culture » (p. 19), Marouba Fall vise, dans cette étude, à élucider les rapports dynamiques entre théâtre et tradition et, surtout, à dégager les procédés thématiques et formels par lesquels les dramaturges du continent se réapproprient les valeurs culturelles du monde noir antérieures à l’aventure coloniale française. Il y présente des villes personnifiées en train de se disputer le titre de capitale : J’ai écrit une suite d’affrontements entre les capitales successives de la Côte d’Ivoire, Assinie, la première capitale ; Bassam, la deuxième, Bingerville, Abidjan… J’ai même ajouté Bouaké16. Malheureusement, déplore M. Fall dans les deux chapitres de la deuxième partie de son essai, à la période coloniale, cet art dramatique a été éclipsé par l’émergence du « théâtre pontin », créé et animé par les élèves de l’École normale William‑Ponty et inféodé à l’idéologie coloniale dominante. 3De fait, on constate dans nombre de pièces d’auteurs et de metteurs en scène africains des indices d’une esthétique qui dénote l’influence des procédés de création propres aux genres de la littérature orale traditionnelle. How were they received? quer ce type (théâtre moderne) des autres types de théâtre africain : traditionnel, importé. Elle a publié plusieurs articles dont « Le personnage de l’enfant soldat dans le roman ivoirien : cas de La Bible et le fusil, Allah n’est pas obligé et Le retour de l’enfant soldat », « Les naufragés de l’intelligence, fresque d’une société ivoirienne en crise », « Historicisation et fictionnalisation du coup d’État ivoirien de 1999 dans le roman éponyme de Régina Yaou ». Les considérations de l’auteur relatives au rôle de l’art dramatique (p. 23) ou à la perception du temps (p. 184‑189), « qui fait que, pour le Noir, le passé importe plus que le présent » (p. 188), sont fort contestables. 28Le théâtre ivoirien a dérangé l’administration coloniale, par son réalisme et sa dénonciation. Quand, dès ses balbutiements, Charles Béart avait flairé le danger que pouvait représenter le théâtre dans la prise de conscience des populations colonisées, il a su de manière stratégique, sans éveiller les soupçons, en prendre le contrôle idéologique. Le transfert de l’acquisition en direction du MoMA. La décision de la création des centres culturels fut imposée dans toute l’AOF avec en sus un journal de liaison dénommé Trait d’union. 20La période de 1938 à 1943 est dominée par le Théâtre Indigène de Côte d’Ivoire (TICI), créé en 1938 par Amon d’Aby et Germain Coffi Gadeau qui en seront les principaux auteurs. On en enregistre deux de Coffi Gadeau : Yaou N’Da en 1954 et Adjo Bla en 1955. D’où ce thème qui se veut un bref essai historiographique du théâtre ivoirien. Philosophe grec du 4 e siècle av. Quelles étaient les premières pièces ? Pour les animer et les relier, une revue de liaison, Trait d’Union18, fut éditée sur des fonds du Gouvernement général de l’AOF. La période qui ouverte avec l’indépendance est sans doute plus acerbe dans la critique car « il faut que notre production théâtrale reflète la vie africaine avec réalisme20 ». Il serait tout autant intéressant de s’interroger sur la manière dont les dramaturges africains, en portant un regard critique sur l’héritage culturel, contribuent à leur tour à l’émergence de nouvelles pratiques et mœurs sociales. La revue Horizons/Théâtre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International. La revue était principalement rédigée par des intellectuels africains comme Ahmadou Hampaté Bâ, Boubou Hama, etc. En effet, c’est par le théâtre que la littérature voit le jour en Côte d’Ivoire. que « l’africanité » est remise en cause par bon nombre de dramaturges du continent et de sa diaspora, l’authenticité d’une production théâtrale réside‑t‑elle dans son recours aux valeurs traditionnelles ? Le théâtre ivoirien évoluera ainsi de 1938 à 1966. Loin de se réduire à de l’art pour l’art, le théâtre africain est une pratique artistique hautement fonctionnelle, à la fois ludique, éducative, thérapeutique et sociale. De ce fait, il y a eu une déconstruction du schéma classique des romans africains de la première heure qui rompt avec une réalité africaine appréhendée c… Et comment a-t-il évolué jusqu’aux indépendances ? Ils font de cet essai critique un plaidoyer discret, mais ferme, à l’essor d’un théâtre africain d’expression française culturellement enraciné dans les valeurs traditionnelles. 21Le challenge que relève le TICI est qu’il parvient à faire du théâtre non plus uniquement le fait exclusif des élèves, mais l’affaire de toute la population. De fait, les saynètes qui vont être produites par la suite porteront une tout autre thématique ne heurtant pas les intérêts coloniaux. Au moment où le genre dramatique se présente comme la vitrine de la réflexion sur l’Afrique et de ses pratiques tous azimuts, il semble opportun de procéder à une immersion, c’est-à-dire de rappeler la part que l’histoire littéraire peut prendre dans son avancée. Dans le théâtre contemporain, nous avons le théâtre moderne, qui est un théâtre urbain et le théâtre importé, qui est le théâtre occidental joué en Afrique. En donnant un aperçu des personnages dans Les mains veulent dire de Werewere Liking et Marie‑José Hourantier, l’essayiste révèle à quel point le théâtre‑rituel, formes dramatisées des rituels traditionnels, illustre sa thèse du nécessaire recours à l’héritage culturel précolonial. Conçue comme des appuis logistiques importants pour les associations culturelles et sportives de jeunes, la création des centres culturels en AOF en 1953 avait pour mission de contrôler la vie culturelle dans les colonies. 20 Bakary Traoré, Le théâtre négro-africain et ses fonctions sociales, Paris, Présence Africaine, 1958, p. 143. Authenticité, Danse, Musique, Théâtre, Théâtres d’Afrique, Tradition. Il résidait dans l’école, au-dessus des salles de classes et, de là il pouvait voir ce qui se passait dans la cour. Un parcours circulaire, typique du trajet des intellectuels de cette période qui quittent leur village après avoir fait leurs premiers pas à l’école du village, pour se retrouver à l’EPS pour ceux qui passent brillamment ce cap de l’école régionale. Amon d’Aby, dramaturge ivoirien », Abidjan-cocody, 18-20 avril 1988, p. 40, texte dactylographié de 125 p., inédits. De ce point de vue, les deux premières parties de cet essai critique apparaissent comme des reprises sommaires des thèses développées depuis les années 1950 dans certains articles et ouvrages, notamment dans Le théâtre négro‑africain et ses fonctions sociales de Bakaray Traoré. 80 CHAPITRE III L'UTILISATION DU THÉÂTRE COMME OUTIL D'ÉDUCATION 82 3.1 Les avantages 82 3.1.1 Comparaison avec les autres modes de … 21, n° 10, « Études africaines : nouvelles approches, nouveaux enjeux », Novembre 2020, URL : http://www.fabula.org/revue/document13239.php, page consultée le 15 janvier 2021. Ils entretiennent aussi des rapports complexes avec les autres protagonistes de l’action dramatique comme la femme, qu’elle soit mère, sœur ou épouse. Puis à partir de cette date jusqu’à nos jours s’ouvrira une deuxième période du théâtre. Le Théâtre pontin était essentiellement culturaliste et folkloriste. Parler donc de l’existence du théâtre dans l’Afrique précoloniale revient à enfoncer une porte longtemps ouverte par la critique, tant la question a fait débat, et à trouver réponses après de convaincantes démonstrations. et comportait diverses rubriques. Il semble opportun de procéder à une immersion rétroactive, c’est-à-dire de rappeler la part que l’histoire littéraire peut prendre dans son avancée. » Il n’empêche que, pour Barthelemy Kotchy, le théâtre fait partie du quotidien de l’Africain car « le moindre acte de la vie peut se muer en représentation dramatique3. Ce critique ne dit pas autre chose quand il soutient que « le théâtre est l’expression de l’homme, de sa sensibilité, de ses émotions, de ses expériences4 ». 5C’est le genre dramatique qui donne naissance à la littérature ivoirienne, officiellement en 1933, avec Les villes de Bernard Dadié. Aucune de ces pièces ne sera écrite, il faut attendre 1933 pour voir écrire la toute première pièce théâtrale sous la plume de Bernard Dadié. Les villes dénonce un problème lié à l’administration, donc au pouvoir colonial qui déplaçait chaque fois que bon lui semblait la capitale de la Côte d’Ivoire. Le tableau dépeint par les romancières africaines faisait le réquisitoire d’une société longtemps dirigée et contrôlée par des hommes. essais gratuits, aide aux devoirs, cartes mémoire, articles de recherche, rapports de livres, articles à terme, histoire, science, politique Le Théâtre Africain est un riche paradoxe. cit., p. 9. En effet, en Côte d’Ivoire, il est aujourd’hui presque devenu une coutume de faire remonter les premiers balbutiements de la littérature moderne au sketch improvisé par deux élèves, à la rentrée scolaire de l’EPS de Bingerville en octobre 1932. 12 Yoman yoboué était un personnage jouant le rôle du vendeur de bangui, vin extrait du cœur du palmier. Indeed, in Ivory Coast, it is by him that was born the Ivory Coast literature. 14 Elle présente une classe de catéchisme. D’une part le théâtre traditionnel africain, de l’autre le théâtre contemporain.

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