Arrive le jour de la première, à la Comédie-Française. Les Jacobites (1885) Ils ne pouvaient en revanche, en ce qui concernait l'interprétation du drame nouveau, rivaliser avec les grands acteurs du théâtre de la Porte-Saint-Martin, un Frédérick Lemaître ou une Marie Dorval. Qui plus est, la légende qui s'est créée autour du drame de Victor Hugo, en escamotant les « batailles » théâtrales antérieures, attribue aux évènements qui se déroulèrent au premier semestre de l'année 1830 une importance largement supérieure à celle qui fut réellement la leur[127]. Très vite, on en vient aux mains. Le monologue de Don Carlos devant le tombeau de Charlemagne fut acclamé ; les somptueux décors du cinquième acte impressionnèrent le public dans son ensemble. Qui devint : « Oui, de ta suite, ô roi ! La métaphore politico-militaire de Gautier n'était ni arbitraire, ni inédite : le parallèle entre le théâtre et la Cité dans leur lutte contre les systèmes et les contraintes de l'ordre établi, réunis en 1825 dans la formule lapidaire du critique du Globe Ludovic Vitet (« le goût en France attend son 14 juillet »[89]) était l'un des topoï d'une génération de littérateurs et d'artistes qui prenait dans la révolution politique son modèle stratégique[90], et qui usait volontiers du langage militaire : « la brèche est ouverte, nous passerons »[91], avait dit Hugo après le succès du Henri III de Dumas. À l'extérieur du théâtre, on parlait aussi d'Hernani, devenu un objet de risée : « absurde comme Hernani », « monstrueux comme Hernani » étaient devenus des comparaisons courantes dans la presse réactionnaire[108]. Amara’s platform and services can help. Que faire ? La métaphore militaire et le parallèle avec Bonaparte se poursuivaient dans la suite du récit, qui faisait également la part belle au pittoresque (un chapitre entier du livre est consacré au « gilet rouge »), et qui surtout condensait en une seule soirée mémorable des évènements empruntés à des représentations différentes, dans une évocation largement idéalisée des évènements qui contribuerait durablement à fixer à la date du 25 février 1830 l'acte fondateur du romantisme en France[132]. Les prisonniers cherchèrent un lieu élevé, reculé, sombre, dans le théâtre, pour remplacer celui qui, par l’absence des ouvreuses, leur faisait défaut. Standard : 00 44 14 81 721 911 Quant à Beaumarchais, il expliqua dans son Essai sur le genre dramatique sérieux (1767) que le drame bourgeois offrait au public contemporain une moralité à la fois plus directe et plus profonde que l'ancienne tragédie[4]. Des extraits consacrés à l'évocation de la bataille d'Hernani de ces trois textes, ainsi que des articles de Gautier, des lettres et des notes de Victor Hugo sur le même sujet, sont accessibles en ligne sur le site du Centre Régional de Documentation Pédagogique de l'Académie de Lille, dans un dossier réalisé par Françoise Gomez. Larghetto – Allegro La Symphonie fantastique a été créée en 1830, en plein courant du romantisme, l’année de la bataille d’Hernani. — j'en suis », murmure un Hernani menaçant. Le spectacle est dans la salle davantage que sur la scène, si ce n'est que l'héroïne, jouée par Mademoiselle Mars, écorche le célébrissime vers : « Vous êtes mon lion, superbe et généreux ». Or, la claque était composée de proches des dramaturges classiques, leurs clients habituels, et était donc peu susceptible de soutenir avec tout l'enthousiasme souhaité la pièce de leur ennemi[83]. Certes, Shakespeare était encore glorifié, comme étant la synthèse de ces trois grands génies que furent Corneille, Molière et Beaumarchais[15], les unités de temps et de lieu étaient perçues comme accessoires (l'utilité de l'unité d'action était en revanche réaffirmée[16]), Hugo retrouvant l'argument de Lessing qui trouvait absurdes les vestibules, péristyles et antichambres dans lesquels, paradoxalement au nom de la vraisemblance, se déroulait l'action de la tragédie[17]. Une lettre pour tous les passionnés d'Histoire, Publié ou mis à jour le : 2019-06-23 18:22:33. Isabelle Grégor a obtenu un doctorat de Lettres modernes avec une thèse consacrée au récit de voyage de Bougainville. Là nous reçûmes l'impulsion qui nous pousse encore après tant d'années et qui nous fera marcher jusqu'au bout de notre carrière »[100]. [12]». Les ouvreuses, geôliers du plus secret endroit, n’étaient pas encore à leurs postes. […] Lorsque l'auteur se présenta chez son actrice avant le lever du rideau, comme c'était son habitude, Mlle Mars lui dit de cet air de maîtresse d'école revêche qui lui était particulier :- Vous avez de jolis amis, monsieur, je vous fais mon compliment […].- Madame, vous serez peut-être bien aise ce soir de trouver mes amis pour combattre vos ennemis. En mai 1829, la tragédie « semi-romantique » en vers de Casimir Delavigne, Marino Faliero (inspirée de Byron), obtint un succès triomphal, alors que sur plusieurs aspects elle n'était pas moins novatrice qu’Hernani[39]. Mais, bien qu'il passât pour un modéré adepte de la politique du « juste milieu », ce dernier refusa de casser la décision du comité de censure : la situation politique était délicate et la représentation sur la scène d'une fable qui donnait de Louis XIII l'image d'un monarque moins intelligent que son bouffon et dominé par son ministre était de nature à échauffer les esprits[58]. Conformément aux usages de l'époque, les rôles étaient distribués sans que soit pris en compte le rapport entre l'âge des acteurs et l'âge supposé des personnages. En juin, les représentations s'espacèrent. Néanmoins, malgré toutes ces batailles gagnées au cours des dernières années précédant 1830, il revenait à Victor Hugo d'en mener une nouvelle, pour donner droit de cité à sa propre esthétique, qui mettrait sur la scène du Théâtre-Français, non plus une œuvre en prose, comme l'avait fait Dumas, mais un drame en vers qui revendiquerait pour lui-même l'héritage de tous les prestiges de la tragédie, qu'il s'agisse du grand style, ou de la capacité qu'avaient les grands dramaturges classiques de poser les problèmes du pouvoir[42]. Pour ces derniers, la pièce et sa préface faisaient presque figure de Bible[28]. The title originates from Hernani, a Spanish town in the Southern Basque Country, where Hugo's mother and her three children stopped on their way to General Hugo's place of residence. Le principal organe du parti libéral, le journal Le National d'Adolphe Thiers, farouchement opposé à Charles X, serait l'un des plus virulents contempteurs de la pièce[79]. Ruy Blas, 2002. Avant la bataille analysée par Michel WINOCK au travers d’œuvres et d’images d’archive. L'alliance entre le grotesque et le sublime ne devait toutefois pas être perçue comme une alliance artificielle qui s'imposerait aux artistes à la manière d'un nouveau code dramatique : il découlait au contraire de la nature même des choses, l'Homme portant en lui ces deux dimensions. Les décors se succèdent, les personnages vieillissent de quelques mois en un entracte. À la fin du mois suivant, le combat déserta le théâtre pour se poursuivre dans la rue : les Trois Glorieuses commençaient, révolution dont on a pu dire par la suite que la Bataille d'Hernani avait constitué la répétition générale[116]. Elle annonce la prochaine bataille. La pièce fut finalement représentée en novembre 1789, avec le tragédien François-Joseph Talma dans le rôle principal. Il cria à ces hommes assez âgés pour se souvenir de la Terreur : « À la guillotine, les genoux ! Hugo fait de cette histoire un mélange de genres, ce qui vient ajouter des ingrédients à la « bataille d'Hernani ». Cette date reste écrite dans le fond de notre passé en caractères flamboyants : la toute première représentation d'Hernani ! Quant à la théorie des trois âges de la littérature (primitif, antique et moderne), elle était si peu originale qu'on a pu la qualifier de « vraie "tarte à la crème" des littérateurs du temps »[18]. Commons is a freely licensed media file repository. Le recrutement de la claque romantique s'effectua dans les ateliers de peinture et de sculpture, auprès de leurs étudiants, auxquels s'associèrent de jeunes littérateurs et musiciens. de l'académie de Lille, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Bataille_d%27Hernani&oldid=177634077, Portail:Littérature française ou francophone/Articles liés, Portail:Littérature française/Articles liés, Portail:France au XIXe siècle/Articles liés, Portail:Époque contemporaine/Articles liés, licence Creative Commons attribution, partage dans les mêmes conditions, comment citer les auteurs et mentionner la licence. Hugo n'avait pas seulement comme ennemi les défenseurs du gouvernement réactionnaire de Polignac : à l'autre bout de l'échiquier politique, les libéraux se méfiaient de l'ancien « ultra », qui avait commencé à se rapprocher d'eux à la fin de l'année 1829[77], tout en ne cachant pas sa fascination pour Napoléon[78]. Ainsi, en 1867, alors que Victor Hugo était encore en exil à Guernesey, Napoléon III leva la censure qui pesait sur les pièces de son plus célèbre opposant, et permit que fut à nouveau monté Hernani. La Bataille d'Hernani (1880) La Maison de Moliére (1880) Madame de Maintenon (1881) Severo Torelli (1883) Translated into Portuguese by Jaime Victor and Macedo Papança, Visconde de Monsaraz, and performed in Lisbon at the National Theatre in 1887. Le Cénacle se disperse mais la fabuleuse créativité littéraire des romantiques n'en est encore qu'à ses débuts. Hostiles et décontenancés, « la plupart se moquent de ce qu'ils ont à dire », se plaignait Victor Hugo dans son journal à la date du 7 mars[108]. Cinq jours plus tard, le Théâtre-Français acceptait la pièce à l'unanimité[65]. Le roi refusa d'accéder à leur requête[55]. Ce qui en revanche faisait l'originalité de l'essai, c'était le caractère central qu'y occupait l'esthétique du grotesque[19] : son alliance avec le sublime en faisait le trait distinctif du « génie moderne, si complexe, si varié dans ses formes, si inépuisable dans ses créations »[20], et, puisque cette alliance n'était pas permise par la séparation stricte des genres théâtraux dans la hiérarchie classique, qui réservait le sublime à la tragédie et le grotesque à la comédie, cette hiérarchie, inapte à produire des œuvres conformes au génie de l'époque, devait laisser la place au drame, capable d'évoquer dans une même pièce le sublime d'un Ariel et le grotesque d'un Caliban[21]. Un spectateur trouva la mort, trois cents étudiants furent arrêtés et incorporés de force dans l'armée[36]. Après François Coppée et son poème intitulé « La bataille d’Hernani » (1882) qui « radicalis[ait] les éléments constitutifs de la bataille », Edmond Rostand apporta sa pierre à l'édification de la légende d’Hernani, avec son poème « Un soir à Hernani. Avant la première représentation d'Hernani, la « claque » fut réunie. L'expression est de J.C. Fizaine, cité par Sylvie Vielledent. Mais la presse libérale n'était pas en reste : son leader, Armand Carrel, écrivit pas moins de quatre articles dans Le National pour dénoncer la monstruosité du drame hugolien, et surtout pour mettre en garde le public libéral contre les amalgames répandus par l'auteur de Cromwell : non, le romantisme n'était pas l'expression du libéralisme dans l'art, et la liberté artistique n'avait rien à voir avec la liberté politique[109]. La subvention fonctionnait alors comme un auxiliaire de la censure : « la subvention, c'est la sujétion », écrirait Victor Hugo en 1872[47]. Ce jour-là, ce furent les premiers qui triomphèrent. Il leur restait quatre heures à attendre dans le noir avant que n'arrivent les autres spectateurs. La dernière modification de cette page a été faite le 14 décembre 2020 à 17:23. Théophile Gautier, Histoire du romantisme, chapitre I, cité par Florence Naugrette. Et ils ont raison : la pièce détruit méthodiquement toutes les conventions en matière d'écriture théâtrale : fini, le lieu unique, l'intrigue de 24 heures ! Mais il fallait encore que la commission de censure rendit un avis favorable, ce qui était d'autant moins certain que le gouvernement modéré de Martignac avait été remplacé par celui du prince de Polignac. Tous les jours, la comédienne revenait à la charge et, tous les jours, imperturbable, l'auteur défendait son vers et refusait le changement, jusqu'au jour de la première représentation, où Mademoiselle Mars prononça, contre l'avis de Hugo, « Monseigneur » en lieu et place de « mon lion ». La longue tirade de Don Gomez dans la galerie des portraits de ses ancêtres (Acte III, scène VI), qu'on attendait de pied ferme, avait été raccourcie de moitié, si bien que, pris de court, les adversaires de Hugo n'eurent pas le temps de passer des murmures aux sifflets. C'est ainsi, par exemple, que la réplique où dona Sol s'exclame : « Venir ravir de force une femme la nuit ! Elles se divisaient en deux grandes catégories : d'un côté l'Opéra, le Théâtre-Français et l'Odéon, subventionnés par les autorités, et de l'autre les théâtres privés, qui ne vivaient que grâce à leurs recettes[44]. Un nouveau palier fut franchi par Louis-Sébastien Mercier dans deux essais : Du théâtre ou Nouvel essai sur l'art dramatique (1773) et Nouvel examen de la tragédie française (1778). Il ne craignait pas de pratiquer « l'enjambement qui l'allonge », qu'il préférait à « l'inversion qui l'embrouille »[26]. Et, pour que le public vît bien « jusqu'à quel point d'égarement » s'était aventuré Hugo, on lui montra des vers tronqués. La perception que les contemporains eurent de la pièce fut assez rapidement conditionnée par la légendaire bataille qui avait entouré sa création. Frédéric Bastiat (1801-1850) : le croisé du libre-échange | Gérard Minart | download | Z-Library. Ce public n'était pas choqué par les distorsions que Hugo faisait subir à l'alexandrin classique : l'enjambement qui fait passer l'adjectif « dérobé » au vers qui suit celui où se trouve son substantif (le fameux « escalier ») ne choqua pas autant que le prétendit Gautier[103]. Download books for free. Il fut question de l'interdire, ce qui provoqua de virulents échanges entre les partisans et les détracteurs de la pièce. Florence Naugrette, spécialiste de la littérature hugolienne, a montré qu'en réalité ce discours a été réinventé en 1864. Cette thèse a donné lieu à des publications, par exemple dans la Revue d'Histoire maritime, et à des conférences dans des colloques scientifiques. Ainsi, Firmin, âgé de 46 ans, interpréterait Hernani, censé être âgé de 20 ans. Le dessein de Dumas dans ses Mémoires était en fait de lier la réception des deux pièces, de faire accréditer l'idée qu'il y avait eu une « bataille de Christine » contemporaine et solidaire de la bataille d'Hernani, réduisant presque cette dernière « à une querelle entre l’auteur et les acteurs »[132]. Excusez du peu... Victor Hugo, alors âgé de 27 ans, est déjà un écrivain à succès. Il resitue le contexte de la création théâtrale de l’époque et la volonté de Victor Hugo de transgresser les règles classiques du théâtre en vigueur à l’époque avec Hernani. de l'académie de Lille, « Hugo et l'alexandrin de théâtre aux années 30 : une "question secondaire" », Extrait reproduit sur le site du C.R.D.P. Les éléments essentiels de ce « mythe d'un Grand Soir culturel »[128] furent fixés dès le XIXe siècle par des témoins directs des évènements : Alexandre Dumas, Adèle Hugo et surtout Théophile Gautier, hernaniste acharné.

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