Du grec "tecknè", "art, métier". Pour qu'il y ait plus dans l'art que dans la réalité, il faudrait donner à la création humaine une positivité qui égale celle de la création divine. C’est au point même où elles nous montrent leur beauté que les choses nous découvrent aussi leur réalité. Il donne à voir l’invisible, il réalise dans le sensible, illusoire réalité, l’intelligible, véritable réel. Dans une seconde partie, nous tenterons d’aborder à partir d’œuvres de plusieurs artistes majeurs du XXème siècle, l’évolution de l’art comme « objet de la représentation du réel ». Ou du moins, nous avons affaire maintenant à une conjugaison subtile de l’esprit et du réel qui fait que l’invention la plus hardie ne fait qu’un avec une découverte obtenue et que la création la plus originale se dénoue en une nécessité contemplée. L’artiste utilise des procédés, invente des techniques par lesquelles il tente de capter l’émotion dans une forme matérielle, de manière à en disposer et à la faire surgir à son gré. L’art serait le moyen de donner accès au réel en en donnant une représentation = en lui donnant une présence. L'art est d'abord un moment du réel, il fait partie du réel, dans lequel toute œuvre occupe une place, a une certaine histoire, voire une valeur pécuniaire. L’affiche est une représentation graphique de la création du monde. Mais peut-être pourrait-on montrer que composer le réel, c’est beaucoup moins être capable de le produire qu’être capable de le percevoir. L’important en effet, c’est que cette création soit celle d’un spectacle qui puisse être contemplé. L’originalité de l’art, c’est précisément de créer ce spectacle inutile qui oblige l’esprit à se purifier de toute pensée égoïste pour appliquer aux choses une pensée qui ne voit qu’elles et qui aussitôt les fait surgir devant nous. Ces œuvres seraient inférieures à celle de la nature, ne serait-ce parce que l'art ne peut donner vie aux personnages. C’est pour cela qu’il est toujours nouveau, non pas de cette nouveauté instable et, inquiète qui ne nous donne qu’un ébranlement de surface, mais de cette nouveauté si claire et si profonde que revêt à chaque fois notre propre maison quand nous en avons vécu longtemps séparé et que le moindre objet qu’elle contient acquiert pour nous plus de profondeur et plus d’éclat que tous les trésors de la fable. Or, si sa naissance, comme toutes les naissances, plonge dans les ténèbres, dès qu’il se montre à la lumière, il nous apporte une révélation. 13Toutefois nous venons d’observer que l’art doit composer le réel pour nous en donner la présence. Mais les beaux-arts paraissent n’avoir pour d’autre fin qu’eux-mêmes dans la mesure où ils renvoient au plaisir (de la beauté et de la création artistique) et pas à quelque chose d’utile. Ainsi, l’art restitue aux choses leur état de choses : il nous les découvre ; il leur donne une sorte de présence pure que jusque là nous n’avions pas soupçonnée. Or cela n’est possible précisément que si ce spectacle est l’objet privilégié de notre création, ce qui ne peut arriver que si nous nous préoccupons non point de produire des effets qui puissent prendre place dans le monde et en changer pour ainsi dire la nature, mais de produire un nouvel aspect de la réalité, libre de tout intérêt et qui nous permette de la saisir en elle-même, abstraction faite du parti que nous songeons à en tirer. Poser la question de la fonction de quelque chose, c’est poser la question du but ou du rôle que cette chose doit jouer. Pourquoi souhaitez-vous signaler cet abus ? Monde des idées accessible seulement à l'intelligence. ●      L’art : le sujet nous invite à discuter la question de l’art comme activité de l’homme productrice d’objets qui impliquent une certaine technique et un certain talent. Le circonscrire, c’est faire émerger la forme qui, aussitôt, lui donne un contenu. Cependant l’appréhension du réel n’est pas aussi simple ni aussi immédiate qu’on pourrait le penser ; et si nous comparons la manière dont il s’offre d’emblée au regard avec la représentation que l’art nous en donne, nous verrons que la vocation de l’art est précisément de nous en apporter la révélation. b) La représentation du réel : l’esthétique de la révélation Hegel : Critique de l’imitation en Art. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. 15On voit bien maintenant quel est le caractère de l’art. Mais c’est la conscience de l’artiste, elle, qui est un problème vivant : elle mesure la distance qui sépare ce qui lui est donné de ce qu’elle désire ; elle ignore ce qu’elle désire, puisqu’elle cherche précisément à se le représenter et, chose admirable, il suffit qu’elle le représente pour l’obtenir. En nous éloignant ainsi du réel, l'art nous en fournit une représentation qui nous en détourne au sens où cette représentation déforme, transfigure ou défigure, sublime ou pervertit la réalité qu'elle représente. Mais ici tout au contraire c’est le réel que nous avons sous les yeux qui ne cesse de nourrir le désir sans que celui-ci parvienne à l’épuiser. Ce qui représente ou signifie autre chose en vertu d'une analogie sensible ou imaginaire (le lion est le symbole du courage, parce que cet animal est réputé courageux). Voici donc l’art devant nous, réduit à n’être plus pour nous qu’un pur témoignage auquel nous allons demander non point quel est son sens, mais quel sens il donne à cette réalité qu’il représente et qui par lui se trouve toujours transfigurée. On peut bien dire du peintre que ce qu’il est capable de voir est la mesure de ce qu’il est capable de peindre. C’est en composant le réel que l’art l’appréhende ; mais par là il se rend le réel présent en devenant lui-même présent au cœur du réel, de telle sorte que l’on ne sait plus dire s’il se l’est incorporé ou s’il est incorporé à lui. Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info. Car les arts d’imitation mettent en jeu eux aussi une activité réglée par laquelle ils cherchent à atteindre la sensibilité et à l’émouvoir. ... cider le théâtre comme art et le "théâtre du réel" » (p. 21). Il introduit dans le temps lui-même la dimension de l’éternité ; c’est elle qui donne à chaque objet, dès que l’art l’a touché, une inaltérable nouveauté. 2Parmi toutes les créations de l’esprit humain l’art possède en effet une situation exceptionnelle. C’est dans l’art seulement que le réel nous apparaît, mais pour cela il faut que nous donnions a cette apparence une réalité séparée : jusque là le réel nous rassurait par une présence obscure que nous n’avions pas besoin d’actualiser ; l’art, au contraire, nous oblige à le faire. Dans l’émotion esthétique, le désir et l’objet du désir sont donnés à la fois, ils ne cessent de se répondre dans une oscillation ininterrompue ; mais, tandis que, dans la vie de tous les jours, je ne rencontre aucun objet qui puisse égaler, semble-t-il, ma puissance de désirer, ici les rapports se trouvent tout à coup renversés. Les choses cessent de m’être opposées : je découvre entre elles et moi une affinité qui est l’objet d’une possession actuelle, mais qui demeure toujours aussi une promesse et une espérance. La beauté est une cime vers laquelle convergent à la fois la vérité, dès que je puis la connaître et la vouloir tout ensemble, et la moralité, dès que l’action qu’elle m’oblige à accomplir atteint un dernier point où elle suscite la contemplation et coïncide avec elle.On comprend donc bien pourquoi l’art n’est pas à proprement parler un problème proposé à notre réflexion : ce qui paraît évident si l’on considère que toute réflexion sur l’art obscurcit sa nature au lieu de 1’éclairer, dissout sa fine essence et transpose sur un terrain différent où l’intelligence interroge encore le réel, la réponse même que l’art vient de lui fournir : ce qu’il nous montre en effet, c’est comment l’esprit parvient à pénétrer le réel, à se le rendre présent, à lui reconnaître une signification en découvrant en lui la réalisation de ses vœux. Au contraire, Aristote pense que l'art en imitant va plus loin qu'une simple représentation, plus loin que le réel, qu'il tend en fait vers un idéal, ce qui lui permet de montrer ce que les choses devraient être. L'art figuratif est un style artistique — en particulier dans la peinture, la photographie, la sculpture, la céramique, les arts textiles — qui se manifeste par la représentation du visible. Tout d’abord, nous pouvons dire que le caractère propre de l’art, c’est en effet de produire une apparence ; mais nous donnerons à ce mot son sens le plus fort. Il y a plus, le propre du désir c’est toujours de me montrer 1’insuffisance du réel et de me porter au-delà. A partir du XVIIe siècle, le terme de "beaux-arts" est utilisé pour distinguer les arts qui visent la représentation du beau des "arts" qui sont de simples techniques (menuiserie, par exemple). On a donc un présupposé du sujet : l’art devrait avoir un but ou une fonction. Et nous savons à quel point l’activité de l’esprit est vacillante et prompte à fléchir ; elle se repose sur l’objet, dès qu’elle croit l’avoir rencontré et cesse d’y appliquer son effort. Ainsi nous ne chercherons quelle est l’origine de l’art ni dans l’histoire de l’humanité, ni dans le vouloir de l’artiste ; nous ne chercherons pas non plus quelle est la fonction particulière de la conscience dont l’art est, pour ainsi dire, l’exercice, ni quelle est son essence secrète que l’on devrait pouvoir retrouver pourtant jusque dans sa manifestation la plus humble. Ce qui permettrait de considérer ces arts comme plus purs en quelque sorte que tous les autres, puisqu’au lieu de prendre la nature pour soutien, ils ne connaîtraient point d’autre nature que celle dont ils seraient eux-mêmes les ouvriers.Dès lors on pourrait se demander s’il est encore possible de les regarder comme une révélation du réel. La représentation exprime les liens de dépendance de l'art vis-à-vis du réel. Il abolit tous les écrans entre le réel et nous. Ainsi, quels que soient les efforts d’invention et de création de l’artiste pour dépasser le monde qu’il a sous les yeux et nous faire pénétrer dans un monde qui est son ouvrage, ces efforts n’aboutissent que s’ils produisent un spectacle dans lequel nous retrouvons le réel qui jusque là nous avait toujours échappé, de telle sorte que toute invention doit venir se résoudre dans la découverte même de ce qui est, et toute création, dans la présence du réel qui tout à coup nous est offerte. Il n’y a point d’arts qui soient plus instructifs pour le philosophe, ni qui lui fournissent un si beau sujet de méditation, puisque dans chacun d’eux nous voyons l’esprit, par son mouvement propre et par les combinaisons qu’il invente, chercher à ébranler la sensibilité et pour ainsi dire à en disposer : c’est lui qui calcule et mesure par avance tous les effets qu’il pourra produire en elle. Mais là où est le réel, et là où est notre esprit, c’est là aussi qu’est notre vie véritable. INTRODUCTION L'art est un domaine très particulier, il n'a pas une utilité au sens pratique du terme, mais une utilité spirituelle, la délivrance d'un message par exemple. Les beaux-arts comprennent l'architecture, la sculpture, la peinture, la danse, la musique et la poésie. A - L’art éloigne du réel car c’est une copie de copie de l’idée. Le désirable est antérieur au désir. L'art occidental a été, de la Renaissance jusqu'au milieu du 19e siècle, sous-tendu par la logique de la perspective et une tentative de reproduire l'illusion de la réalité visible. Y a-t-il en nous une attention, un intérêt, qui, en s’attachant à lui, nous en donnent une image pure ? Mais par ailleurs, supposer que l’art n’ait de sens que sur base d’une défaillance du réel, c’est supposer que l’on a accès au moins à l’idée de ce qui est réellement achevé. You are currently viewing the French edition of our site. Celui qui a la conscience la plus ouverte, la plus fine et la plus accueillante a aussi de l’œuvre d’art l’intelligence la plus pénétrante : il arrive qu’il instruise l’artiste lui-même non point seulement sur ce qu’il a fait, mais sur ce qu’il a voulu, presque à son insu. Votre email : Atteinte aux droits des marques La théorie des idées platonicienne, surmontant la désillusion causée par Anaxagore, nous signifie clairement la première que la pensée ne peut penser que de l'intelligible. 1Dans les réussites de l’art il y a quelque chose qui surpasse à la fois la volonté de l’artiste, si attentive et si lucide qu’elle soit, et la sensibilité du spectateur, quelles que soient sa délicatesse et ses exigences. Mais il y a plus, les choses ne nous sont jamais présentes par elles-mêmes : pour qu’elles le deviennent, il faut que nous nous les rendions nous-mêmes présentes. Il nous oblige à les regarder, à les apercevoir telles que nous les verrions la première fois, si notre regard était assez pénétrant et assez lucide. L’art en général suppose une certaine finalité (c’est ce qui le distingue de la nature, dans laquelle il n’y a que des causes et des effets sans représentation de la fin visée cf. Il n’y a point de perception directe, engagée dans notre vie quotidienne, qui puisse affecter le caractère d’une contemplation pure : elle est pour cela trop chargée de matière, en relation trop immédiate avec notre corps, avec l’espace et le temps où se déploient nos désirs, elle est trop résistante et trop fragile à la fois, trop pleine pour nous de menaces ou de promesses ; elle est mêlée à toutes les conjonctures de notre vie pratique. Que lui demandons-nous sinon de fournir un chemin à notre activité et un aliment à nos besoins ? Poser la question de la fonction de quelque chose, c’est poser la question du but ou du rôle que cette chose doit jouer. Or, le propre de l’art c’est de n’en réaliser qu’une, de nous proposer telle vision particulière que tel artiste en a eue dans telle circonstance et à tel moment. On peut donc distinguer l’art de la nature. La technique désigne aussi les applications de la science proprement dite. Ce qui nous conduit à nous demander si l’art n’aurait pas son origine dans le pouvoir créateur de l’esprit plutôt que dans son pouvoir contemplatif. Jusqu'au 19e siècle, la peinture cherchait à provoquer l'émotion par la représentation de la réalité observable (portrait, paysages, scènes de genre) ou imaginée (scènes religieuses et mythologiques). Non point que cette activité puisse être négligée ; seulement elle ne vaut pas par elle-même mais par le rôle qu’elle est destinée à remplir. Celle-ci est composée de 3 … Ce texte est celui d’une conférence faite en Roumanie et dont la traduction roumaine a été publiée en 1938. l'Etat a-t-il pour fonction d'assurer le bonheur des individus ? LE SITE D'AIDE A LA DISSERTATION ET AU COMMENTAIRE DE TEXTE EN PHILOSOPHIE. Les pierres et les sons ne sont plus ici que des instruments ou des véhicules. Nous n’envisageons jamais le réel que dans son rapport, non pas seulement avec nous, mais avec notre utilité. C’est pour la mieux comprendre que nous remontons jusqu’au problème qu’elle suppose : sans oublier que la solution pour nous devance ici le problème. C’est comme une sollicitation adressée sans cesse au réel qui tout à coup le lui livre. Il interrompt toutes ces réactions trop connues que le réel suscite en nous et qui le dissimulent. L’art est un grand fait humain. Car il sent bien que le propre de l’art n’est pas seulement de traduire une perception qu’il a déjà, mais encore de la rendre possible et pour ainsi dire de la produire. Mais l'imitation dans l'art comprend aussi celle des autres. 9Aussi, personne n’a vu plus profondément l’essence même de l’art que Pascal dans le mot si célèbre et pourtant si cruel : 10On comprend donc bien pourquoi l’art a toujours paru une sorte de prestige et même de miracle. Pourtant il faut considérer qu’une démarche inventive n’a point par elle-même une valeur esthétique, que l’on ne peut attribuer aux créations de la science, de la technique, ou même de la moralité que par une extension des termes qui est peut-être abusive. L’art, par l’immobilité qu’il leur donne, ou par la possibilité qu’il nous donne de recommencer toujours un mouvement aboli, nous introduit dans cette présence constante, indépendante à la fois du temps et du besoin, qui est toujours de niveau avec un esprit présent à lui-même et qui est prête à répondre sans cesse à ses moindres sollicitations. En dernier lieu, si l’on admet que l’art doit représenter le réel (en quelque sens que cette notion soit prise) alors on admet que l’art est fonction du réel, donc qu’il ne se définit qu’en second à partir de celui-ci. Des partisans de Donald Trump avaient appelé à manifester lundi 11 janvier devant le siège de Twitter à San Francisco, en Californie, pour protester contre la fermeture du compte du … ●      Poser la question de la fonction de quelque chose, c’est poser la question du but ou du rôle que cette chose doit jouer. L’art, c’est le monde reconnu ; c’est le même monde que celui où nous avons toujours vécu, mais qui cesse de nous être étranger, qui répond à toutes les puissances de notre âme et coïncide avec leur exercice. Au début du 20esiècle, certains courants picturaux conduiront progressivement à se passer d'une représentation jugée fidèle du réel pour tenter des expériences graphiques diverses (fauvisme, cubisme). La représentation peut dès lors prendre plusieurs figures : celle de l’imitation dans ses multiples aspects : le mime, la copie, le, Mais par ailleurs, supposer que l’art n’ait de sens que sur base d’une défaillance du réel, c’est supposer que l’on a accès au moins à l’idée de ce qui est réellement achevé. Le monde sensible est le monde tel que nous le percevons à travers nos sens, par opposition au monde intelligible, qui est saisi par l'intelligence. Au contraire, dès qu’elle s’est détachée des mains de l’artiste, son œuvre devient pour lui une réalité à la fois familière et inconnue : ou bien il n’en supporte plus la vue, ou bien il la considère d’un regard aussi jeune que le spectateur qui la découvre. L’art suscite donc en nous une attention si pleine et si docile qu’il nous montre comme véritablement présente une réalité qui était toujours devant nous, mais que nous n’avions jamais vue : il oblige la conscience à s’en emparer, à en réaliser une perception actuelle qui fait saillie sur toutes nos perceptions habituelles toujours un peu amorties ou effacées, soit par le souvenir de celles que nous avons déjà eues et qui les recouvrent, soit par les signes de quelque événement plus lointain que nous recherchons en elles et qui nous en détournent.

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